C’est devenu une règle bien établie au Centre Régional pour l’Amélioration de l’Adaptation à la Sécheresse (CERAAS). Tous les jeudis, des chercheurs, étudiants, ou autres visiteurs de ce centre spécialisé dans les céréales sèches et cultures associées sont conviés à une dégustation de mets à base de mil, de sorgho, d’arachide, de sésame, de niébé ou de fonio avec l’accompagnement du Groupement d’Intérêt économique (GIE) « Keur Yaye Fatou » de Kaolack.
La Journée du 08 avril 2021 n’y a pas dérogé. A cette occasion, tout ce monde s’est retrouvé au réfectoire du centre où la restauratrice, Mme Fofana née Joséphine Faye avait proposé un menu composé de « Thiakry » à base de Fonio, de « Thiakry » à base de niébé, de « Akara » à base de niébé, du jus de Moringa, du jus de tamarin etc.
Par cette démarche, le Directeur du Centre a lancé un challenge à tous les chercheurs pour qu’ils s’approprient leurs résultats de recherche, et en être les premiers consommateurs. Dr Ndjido Ardo Kane, les invite ainsi à démontrer les résultats de recherche, de savoir s’ils sont adoptés, produits, transformés et consommés. Aussi, invite-t-il les populations et le secteur privé à s’approprier les résultats de la recherche.
C’est dire que le CERAAS est en train de creuser le sillon du « consommer local ». Et l’objectif ultime de ce centre de l’ISRA est d’en faire une réalité sur toute l’étendue du Sénégal. Dans cette optique, la Direction mise sur un partenariat dynamique entre la recherche, la transformation, la commercialisation et le secteur privé. Et la recherche doit même être au centre de ce dispositif.
« Je veux faire connaître aux populations ce que la recherche fait pour qu’elles s’approprient les résultats, qu’elles soient conscientes qu’il y a beaucoup de produits qui sont issus de la production locale à développer. Surtout que la consommation de ces mets à base de produits locaux riches en minéraux est bénéfique à la santé humaine et animale. Mais qu’elle peut également générer des revenus aux producteurs », révèle Dr Kane.
La réaction des premières cibles est jugée satisfaisante par le Directeur qui salue le retour positif des agents et des partenaires qui demandent même plus de diversité des produits.
« Le mil est l’aliment de base des sénégalais. Plus facile à digérer et beaucoup plus nutritif, il peut remplacer le riz, la farine de blé », précise la Présidente du GIE « Keur Yaye Fatou », Mme Sidibé.
Quant aux chercheurs, ils saluent l’initiative et s’engagent pour sa pérennisation et son ouverture à d’autres spéculations. « Notre objectif est de prendre en compte les préoccupations des producteurs et des consommateurs pour leur fournir des technologies qui peuvent leur être utiles », renseigne Dr Amy Bodian. Pour cette spécialiste en Biotechnologies végétales, microbiennes et amélioration des plantes, la promotion du « consommer local » peut aussi contribuer à la diminution des importations de nos denrées de consommation.