Dans un article accepté le 13 Août 2021 dans la prestigieuse Revue Scientifique « VIRUSES », un consortium international de chercheurs de 19 institutions a mis au point une méthode révolutionnaire de détection rapide de la Fièvre de la Vallée Rift (FVR) grâce à la mise en place d’une plateforme de diagnostic simple, sûre et robuste qui peut être automatisée et réalisée en dehors d’installations de confinement biologique coûteuses.
Pour arriver à ces résultats de haute portée scientifique, des chercheurs de huit pays africains (Burkina Faso, RD Congo, Ouganda, Afrique du Sud, Kenya, Mozambique, Sénégal, Ouganda), de trois pays européens (Autriche, France, Pologne) du Yémen, d’Australie et des Etats-Unis soutenus par L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) ont exploité des données scientifiques issues d’essais sur un groupe d’animaux provenant de pays endémiques de la FVR et un autre groupe issu de pays indemnes de FVR.
Les résultats de cette étude de validation internationale à grande échelle démontrent la grande précision diagnostique de la méthode utilisée basée sur « ELISA » indirect (de l’anglais « enzyme-linked immunosorbent assay », littéralement «technique d’immunoabsorption par enzyme liée »).
Pour rappel, la Fièvre de la Vallée du Rift (FVR) est une maladie virale le plus souvent observée chez les animaux domestiqués en Afrique subsaharienne, comme les bovins, les bisons, les moutons, les chèvres et les chameaux. Les personnes peuvent contracter la FVR par des contacts avec le sang, les liquides corporels ou les tissus d’animaux infectés ou par des piqûres de moustiques infectés.
Bien que la FVR provoque souvent des maladies sévères chez les animaux, la plupart des personnes atteintes de FVR ne présentent soit aucun symptôme, soit la maladie est bénigne chez elles, avec de la fièvre, une faiblesse, du mal au dos et des vertiges. Néanmoins, un petit pourcentage (8 à 10 %) des personnes atteintes de FVR développent des symptômes beaucoup plus sévères, notamment des maladies oculaires, des hémorragies (saignement excessif) et des encéphalites (gonflement du cerveau).
La lutte contre la FVR est au cœur des recherches du Laboratoire National d’Étude et Recherches Vétérinaires (LNERV) de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles. Dr Modou Moustapha Lô, chercheur au LNERV et coauteur, nous explique la genèse ayant abouti à cette étude :
“Depuis 1987, date de la mise en eau du barrage de Diama, les deux pays riverains du fleuve Sénégal, la Mauritanie et le Sénégal ont connu une grande épizootie/épidémie de la maladie de la fièvre de la vallée du Rift. Depuis lors, le LNERV et la direction des services vétérinaires, avec l’appui de partenaires techniques et financiers ont mis en place un système de surveillance active basée sur des sites sentinelles le long du fleuve Sénégal. Il fallait dès disposer d’outils de diagnostic mais aussi de surveillance afin de détecter tous les nouveaux cas mais aussi d’établir la prévalence de la maladie dans le pays et dans la sous-région. Il fallait travailler sur un très grand nombre d’échantillons d’animaux provenant des différents écosystèmes surveillés dans une approche sous régionale et régionale pour valider sur le plan international un kit Elisa pour la surveillance sérologique de la maladie dans les pays en voie de développement mais aussi dans les pays qui n’ont encore jamais connu la maladie. D’où l’initiative prise avec tous les partenaires de ce consortium pour publier cet outil extrêmement important pour la surveillance de la fièvre de la vallée du Rift après des années d’études. Juste de rappeler que ce type d’immunoglobuline de classe G (IgG) témoigne d’une infection ancienne, mais sa détection permet de s’assurer de l’étendu de la diffusion du virus dans nos contrées.”
Les avantages liés à une telle découverte sont particulièrement importants pour les pays sous-développés où il est nécessaire d’accélérer et d’améliorer la surveillance de la FVR et la recherche épidémiologique ainsi que de faire progresser les mesures de lutte contre la maladie.