Originaire des Amériques, la chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda) est une véritable menace pour les cultures comme le maïs, le sorgho et le coton, entre autres. Pour juguler cette pression détectée au Sénégal en 2017, l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), à travers le Centre pour le Développement de l’Horticulture (CDH), mène depuis 2020 le projet « Management of Fall Armyworm » dans le cadre de l’initiative Korea-Africa Food & Agriculture Cooperation (KAFACI). Ce projet vise à développer des approches durables et efficaces pour lutter contre ce ravageur, en collaboration avec 16 autres pays africains.
Après trois ans d’exécution dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Tambacounda, un atelier de restitution a réuni, les 05 et 06 septembre 2024, les producteurs et organisations paysannes (OP) impliqués dans les différentes zones d’intervention du projet pour partager les résultats obtenus et vulgariser les techniques de gestion de la chenille légionnaire d’automne (CLA) à travers des présentations thématiques et des visites de terrain.
Les résultats présentés par les étudiants Mariama Faye, Ibrahima Diallo et Ibrahima Bâ ont mis l’accent sur les méthodes agroécologiques, la lutte biologique, et l’amélioration des pratiques culturales pour minimiser l’impact de cet insecte nuisible sur les cultures.
Ces informations ont été confortées par la Directrice du CDH, par ailleurs Coordonnatrice du projet. Dr Awa Ndiaye Dieng a précisé que leurs recherches ont permis de déterminer les niveaux d’infestation, les dégâts, la sévérité et l’incidence de la CLA dans les parcelles de maïs des zones d’intervention du projet.
Et pour apporter la riposte à cette menace, l’équipe de recherche a adopté une approche intégrée en testant diverses méthodes de lutte, telles que la lutte chimique, la lutte biologique et l’approche agroécologique, qui repose sur l’association de pratiques culturales diversifiées. Selon Dr Awa Ndiaye, l’évaluation de ces méthodes a permis non seulement de mesurer l’impact positif des pratiques agroécologiques, qui réduisent l’incidence et les dégâts de la CLA dans les champs, mais aussi de mieux comprendre la bio-écologie et le cortège parasitaire de l’insecte. De son avis, cette riposte intégrée montre l’efficacité d’une combinaison de stratégies pour une gestion durable.
Une visite sur les sites d’expérimentation à Ndiognik et Ndjigui, dans la région de Kaffrine, a permis aux participants de découvrir les dispositifs de démonstration des méthodes proposées pour la gestion de la chenille légionnaire.
Amdiatou Dieng et Bilale Diaw qui ont mis leurs parcelles de maïs à la disposition du projet ont reconnu que les résultats de ces recherches sont essentiels pour développer des stratégies de lutte durable contre la chenille légionnaire. Tout comme Mody Loum de la Fédération des Producteurs de Maïs du Saloum (FEPROMAS), ils estiment que les principaux enseignements à tirer de ce projet sont la nécessité de former les agriculteurs et les techniciens locaux, de renforcer les capacités de surveillance, et de développer des méthodes de lutte agroécologique pour une gestion durable de la chenille légionnaire.
A partir de ces travaux de recherches, deux thèses sur la gestion de la lutte agroécologique de la CLA et sur le développement de ce ravageur sont en préparation.