Si l’avenir du blé sénégalais se joue aujourd’hui, l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) en est l’architecte majeur. En tant que pilier de l’innovation agricole nationale, l’institut a joué un rôle scientifique central dans l’adaptation, la sélection variétale et la mise au point des semences adaptées au contexte agroécologique de la Vallée du Fleuve Sénégal qui a abrité les premiers essais de cette culture. Et grâce à cette expertise, le Sénégal vient de franchir une étape majeure avec la certification officielle des premières semences de blé de niveau R-1 produites localement. Ce progrès historique est le fruit d’une collaboration stratégique entre acteurs publics et scientifiques et le secteur privé, notamment l’entreprise SUNU BLÉ S.A qui assure aujourd’hui l’essentiel de la production nationale.

Les premiers résultats sur le terrain confirment le potentiel de cette culture céréalière au Sénégal.

A ce jour, 150 hectares ont été emblavés entre Podor, Matam, Ross Béthio et Dagana, selon la répartition suivante :

  • 24 hectares dédiés à la production de semences certifiées (11 ha à Matam et 13 ha à Podor),
  • 3 hectares cultivés en partenariat avec l’ONG EUCORD,
  • 10 hectares réalisés via l’Association des Producteurs de Blé du Sénégal, dans le cadre du programme étatique,
  • 40 hectares mobilisés en appui direct aux producteurs locaux.

Dans un pays qui importe chaque année plus de 860 000 tonnes de blé, cette production locale ouvre désormais une voie concrète vers l’autonomie céréalière. Cette avancée n’aurait pas été possible sans l’accompagnement scientifique et technique de l’ISRA dont le Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Elevage (MASAE) tient à saluer la rigueur, l’engagement et l’ancrage territorial, qui ont permis de poser les fondations solides d’une filière blé nationale. « Les travaux menés par les chercheurs de l’ISRA, notamment sur les céréales d’hiver, ont été déterminants pour mettre au point une base semencière fiable, adaptée et reproductible », a-t-il précisé.

Dr Amadou Tidiane Sall, généticien et sélectionneur de blé au CRA de Saint-Louis a toujours mis en exergue l’impact potentiel de la culture du blé sur l’économie du pays. Pour lui, son développement est d’une portée significative pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire. Il vise non seulement à réduire la dépendance aux importations mais aussi à améliorer la sécurité alimentaire du pays.

Alors que la filière locale commence à se structurer, le MASAE souligne que le Sénégal pourrait utilement s’inspirer de l’exemple éthiopien qui, par une volonté politique affirmée, couplée à une recherche appliquée performante, a permis de transformer en profondeur le secteur au point d’atteindre l’autosuffisance en blé dès 2022.

I.Diaw