Le changement climatique se combat aussi à l’échelle des villages. C’est le pari des Villages Intelligents face au Climat (VIC) devant l’urgence climatique.
Initiée en 2011 à Daga Birame dans la région de Kaffrine, cette approche mise en œuvre par le Centre National de Recherches Forestières de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (CNRF/ISRA), vise à renforcer la résilience des communautés rurales en combinant innovations agroécologiques, pratiques agricoles durables, services climatiques restauration des paysages agroforestiers, et gouvernance inclusive.
Dans la dynamique du succès du modèle, le CNRF déroule depuis 2023 le projet de « Mise à l’échelle du modèle de Village Intelligent face au Climat » (VIC) dans huit communes des régions de Kaffrine, Kaolack et Fatick, avec l’appui de l’Agence Belge de Coopération (ENABEL), à travers le Fonds National de Développement Agro-Sylvo-Pastoral (FNDASP). Ces villages servent de laboratoires vivants d’agroécologie où sont expérimentées des solutions durables : introduction de semences améliorées et adaptés (mil Sunna 3 et Thialack 2, niébé à double usage, sorgho Payenne et Golobé, maïs Obatampa), dmaraîchage, reboisement d’arbres, introduction d’accessions de fruitiers performants, gestion de l’eau et formations agricoles adaptées au climat.
Du 6 au 10 octobre 2025, une mission conjointe du CNRF et de l’Unité d’Information et de Valorisation des Résultats de la Recherche (UNIVAL) a sillonné plusieurs zones d’intervention du projet, pour évaluer les acquis et échanger avec les communautés bénéficiaires.
Cette mission a permis de constater sur le terrain les effets positifs du modèle VIC qui combine innovations agroécologiques, pratiques agricoles résilientes, services d’information climatique et gouvernance participative à travers des plateformes multi-acteurs.
A Panal Wolof, Dara Mboss, Deguer Diamaguene et Ndiago, hormis la dynamique communautaire matérialisée par des actions collectives (clôtures, aménagements, suivi communautaire), la mission a pu observer :
- Une adoption massive de semences améliorées plus résistantes à la sécheresse, telles que les deux variétés de mil (Sunna 3 et Thialack 2), le niébé fourrager, les plants fruitiers ;
- Une implication active des femmes et des jeunes dans les activités agricoles et de renforcement de capacités ;
- Une prise de conscience accrue sur les enjeux liés au climat et à la sécurité alimentaire.
C’est dire que les populations ont exprimé leur satisfaction face aux changements positifs déjà observés, tout en formulant des besoins prioritaires, notamment un meilleur accès à l’eau pour renforcer les activités agricoles.
Au-delà des résultats techniques, le modèle VIC se distingue par sa capacité à mobiliser les communautés autour d’une gouvernance locale inclusive des ressources et à encourager l’innovation endogène.
Selon Mouhamadou Diop, coordonnateur technique du projet, et Pape Daouda Diongue, responsable suivi-évaluation du VIC, les retours de terrain confortent l’idée que les communautés rurales peuvent être des moteurs de changement si elles sont bien accompagnées.
I.Diaw