Dans le Bassin arachidier, l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) et le Programme Agricole Italie-Sénégal (PAIS) accompagnent les producteurs dans une transition stratégique : produire localement des semences de variétés de riz adaptées et diversifier les cultures. Une démarche qui s’inscrit dans la quête nationale de souveraineté alimentaire.
Dans un contexte de quête de souveraineté alimentaire, produire localement des semences adaptées devient un levier stratégique. Grâce à une initiative conjointe de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) et du Programme Agricole Italie-Sénégal (PAIS), sur financement de l’Agence Italienne de Coopération pour le Développement et de l’Etat du Sénégal, le Bassin arachidier, historiquement tourné vers cette légumineuse, est en train d’opérer un changement discret mais profond : redonner le souffle à la riziculture pluviale et aux filières horticoles.
A la suite de tests variétaux prometteurs, dix producteurs ont été sélectionnés pour multiplier des semences de riz, chacun sur une parcelle de 0,5 hectare, pendant l’hivernage 2025. Pour cette phase pilote, l’ISRA a fourni à chaque producteur 50 kg de semences prébase, 100 kg d’engrais 15-15-15, ainsi que 75 kg d’urée pour soutenir la production.
Au-delà de la hausse des rendements, c’est un tournant stratégique qui s’amorce : construire une véritable autonomie semencière dans une région encore fortement dépendante de l’extérieur. Ceci nécessite le renforcement des capacités des producteurs, l’amélioration de la qualité des semences et la promotion de l’adoption de variétés adaptées. Cette démarche, déjà porteuse de résultats concrets, démontre toute sa pertinence en renforçant progressivement la performance et l’autonomie des producteurs.
Dans les villages du Bassin arachidier, en particulier dans la région de Kaolack, une révolution silencieuse prend forme. De Ngane Ndiogou (commune de Dya) à Djilakhar (Ndiédiène), en passant par Médina Sabakh et Darou Keur Balla à Wack Ngouna, les résultats commencent à se faire sentir. Les paysages agricoles se transforment. Rangées de bananiers, riz pluvial vigoureux, micro-boutures de patate douce, autant de signes tangibles d’une diversification agricole impulsée par l’ISRA et le PAIS au profit des producteurs locaux bénéficiaires.
Au sein de plusieurs fermes pilotes soutenues par l’ISRA, les parcelles se muent en véritables champs-écoles, ouvrant la voie à une future mise à l’échelle. Les spéculations introduites comme le riz pluvial, la banane, la patate douce, entre autres, enregistrent globalement une croissance prometteuse, et les premiers résultats commencent déjà à se concrétiser sur le terrain.
Mieux, l’encadrement continu des techniciens, formés par l’ISRA et l’Antenne PAIS de Kaolack dans le cadre de cette initiative, rassure les producteurs, comme en témoigne monsieur Babacar Diouf trouvé dans son exploitation à Ngane Ndiogou dans la commune de Dya où les tas de paddy qui jonchent son champ témoignent d’une récolte réussie. « Depuis quelques années, ma famille ne consomme que le riz que je cultive. Je parviens aussi à en vendre. Les recettes issues de ces ventes couvrent tous mes investissements », témoigne-t-il.
Dans son périmètre, l’horticulture occupe également une place de choix, signe d’un pas décisif vers la diversification des cultures et l’autosuffisance alimentaire familiale.
Également, dans la zone de Médina Sabakh, monsieur Babacar Niang s’est imposé comme une référence en matière de production de semences de riz pluvial. Animé par une détermination constante et une vision tournée vers l’avenir, il ne se contente pas de maîtriser les techniques culturales. Son engagement l’a également conduit à développer un périmètre maraîcher dynamique, pensé comme un véritable moteur de diversification et de résilience pour son exploitation.
Idem pour monsieur Seydina Oumar Diop qui joue le rôle de référent pour l’approvisionnement en semences horticoles à Nioro. Il contribue activement à structurer la filière horticole et à renforcer la confiance des agriculteurs dans l’accès à des semences fiables et adaptées.
A Djilakhar, madame Seyda Mbodji fait figure de pionnière de la production de semences de riz dans toute la région de Kaolack. Dans son champ, elle observe fièrement les plants encore verts. « Avant, les semences donnaient des rendements irréguliers, voire insignifiants. Aujourd’hui, avec l’accompagnement de l’ISRA et du PAIS, la différence est nette. Ce riz est plus résistant et plus adapté à notre zone », a-t-elle confessé.
Du côté de Nguer Babou, dans la commune de Wack Ngouna, monsieur Omar Thiam, technicien horticole formé au Maroc, est devenu un acteur clé dans la fourniture de plants de bananiers et de boutures de patate douce. Dans la ferme du GIE « Soxali Askanwi », il y expose fièrement une palette de plants fruitiers. Ses récoltes commencent même à s’imposer dans le marché local. A Darou Keur Balla, les 48 membres du GIE « Bok Khol » constituent un modèle d’organisation. Leur périmètre maraîcher impeccablement structuré, avec bananiers, micro-boutures de patate douce ou pépinières d’oignons, illustre une volonté collective d’autonomisation. Afin de mieux ancrer ces germes de changement, il est impératif de structurer davantage les filières semencières locales, renforcer la qualité et la fiabilité des semences et assurer l’appropriation durable des innovations par les communautés rurales. Cette initiative de l’ISRA, accompagnée par l’antenne régionale du PAIS à Kaolack, contribuera à coup sûr au développement de la riziculture pluviale et le développement des cultures maraîchères dans la région de Kaolack.



