En réponse aux péjorations climatiques qui affectent la production et aux difficultés de commercialisation et de transformation – menant à des pertes post-récolte énormes – un atelier crucial a été organisé le 12 novembre 2025 à Mboro par le Centre pour le Développement de l’Horticulture (ISRA/CDH), dans le cadre du projet « Jaww Ji Mango Niayes« . L’importance stratégique de cette rencontre a été soulignée par la présence d’une forte délégation administrative et institutionnelle, comprenant notamment le Gouverneur de la région de Thiès, le Préfet et le Sous-Préfet de la localité, le Président de l’Association des Unions Maraîchères des Niayes (AUMN), le représentant du Directeur Général de l’ISRA et le Représentant Régional de la DID. Cette mobilisation, qui a réuni une trentaine d’acteurs de la filière, a été marquée par des animations sur la stratégie genre ainsi que des travaux de groupe couvrant trois thématiques, à savoir la production, la transformation et la commercialisation de la mangue. L’objectif clair de cet exercice étant de dégager des pistes de solutions efficaces pour réduire la vulnérabilité des petits producteurs, et plus particulièrement des femmes. Les échanges ont révélé qu’au-delà des dégâts causés par les aléas climatiques et des pertes post-récolte considérables, la filière mangue dans les Niayes est freinée par des obstacles structurels persistants. La transformation des mangues, pourtant une « solution idoine » pour la valorisation, demeure une activité secondaire faute de technologies adaptées et de formation basées sur  des pratiques avérées et documentées.

A ceux-là s’ajoutent des défis techniques et financiers majeurs :

  • Une carence de soins et d’entretien des vergers (incluant des manguiers âgés à faible rendement).
  • L’insuffisance de formation sur les techniques de production et d’amélioration des plantations.
  • Des difficultés d’accès au financement formel en plus des garanties inadaptées et du décalage des modalités de remboursement par rapport aux flux de trésorerie du secteur.

Cette sous-performance de la chaîne de valeur de la mangue accentue la vulnérabilité des petits producteurs, en particulier des femmes, qui apparaissent comme les plus touchées par cette fragilité. Leur rôle fondamental dans la filière est, par ailleurs, contraint par :

  • Un statut socio-économique et des responsabilités familiales qui limitent leur temps et leur capacité d’investissement.
  • Un accès fortement limité aux moyens de production (terres fertiles, produits financiers, équipements modernes et services de vulgarisation).
  • Des obstacles à l’accès aux marchés formels, notamment à l’exportation, en raison de contraintes logistiques, de commercialisation et de certification.

Les changements climatiques ne font qu’aggraver et complexifier ces contraintes.

Face à cette situation, les femmes actrices de la filière mangue ont exprimé un besoin urgent d’accompagnement, faisant de leur autonomisation une nécessité absolue pour le succès du projet.

En plaçant l’analyse sexospécifique et les besoins exprimés par les femmes au centre de sa stratégie, le projet « Jaww Ji Mango Niayes« , qui en est à sa phase pilote, s’engage à bâtir une filière mangue non seulement plus résiliente face aux changements climatiques, mais aussi plus équitable et performante.

La réussite de cet engagement dépendra de la traduction concrète des outils et pistes d’action identifiés lors de l’atelier en mesures effectives sur le terrain. Ceci garantira ainsi une diversification avantageuse et durable des sources de revenus pour tous les acteurs, en particulier les femmes productrices de mangue, et assurera l’optimisation de la performance globale de la filière dans les Niayes.