Le projet « Surveillance globale de l’Environnement et la Sécurité en Afrique » (GMES & Africa), qui exploite les données d’Observation de la Terre (OT) pour le suivi et la gestion des ressources côtières et marines et de leurs écosystèmes poursuit son déploiement sur le territoire sénégalais. Afin de renforcer la gestion durable des ressources naturelles face aux défis environnementaux croissants, le projet étend désormais ses activités à la zone Nord du Sénégal, en particulier à Saint-Louis et Lompoul, situés respectivement dans la région de Saint-Louis et dans le département de Kébémer. Cette expansion vient compléter les interventions déjà réalisées dans la Petite Côte, les îles du Saloum, Ziguinchor et Kafountine.
Coordonné à l’échelle nationale par le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA-CRODT), le projet a mené une mission de sensibilisation, de partage et d’information du 8 au 11 avril 2025 dans ces nouvelles zones. Cette mission, conduite en collaboration avec la Direction des Pêches Maritimes (DPM) et l’Unité d’Information et de Valorisation des Résultats de la Recherche (ISRA/UNIVAL), visait à présenter les outils, services et produits du projet aux acteurs locaux.
Les échanges avec les représentants des services étatiques et des membres des Comités Locaux de la Pêche Artisanale (CLPA) ont porté sur les objectifs du projet, ses services et produits, et l’impact attendu sur les activités locales. Un accent particulier a été mis sur les menaces qui pèsent sur les ressources halieutiques, notamment en raison des pratiques de pêche destructrices, des changements climatiques, de la pêche illicite non déclarée, l’insécurité en mer, l’érosion côtière, la dégradation des habitats essentiels, entre autres.
Le Coordonnateur national, Dr Ndiaga Thiam, a souligné que GMES & Africa vise à fournir des informations et des outils performants pour mieux comprendre et anticiper les phénomènes environnementaux, en particulier ceux affectant les zones côtières. Il a rappelé que la génération de cartes de zones potentielles de pêche, la lutte contre les pratiques de pêche illicites, la protection des écosystèmes et habitats côtiers, le suivi du trait de côte et les prévisions des conditions océaniques diffusées sous forme d’alertes précoces figurent aussi parmi les priorités du projet.
Avec l’entrée du Sénégal dans l’ère de la production pétrolière, la gestion des risques liés aux hydrocarbures a été intégrée aux services du projet. Cela inclut notamment la surveillance des déversements en mer et la restauration des écosystèmes fragilisés, comme la mangrove.
Par ailleurs, Dr Fambaye Ngom Sow, chercheure au CRODT, également impliquée dans le projet, a apporté des éclairages par rapport aux préoccupations soulevées par les acteurs locaux, telles que l’instauration d’un système d’alerte précoce, la sécurité en mer, la lutte contre la pêche illégale ou encore la pérennisation des acquis du projet. Elle a insisté sur l’importance de la durabilité des actions entreprises, ainsi que sur l’intégration de l’approche genre, en particulier le rôle des femmes transformatrices de produits halieutiques.
Enfin, les participants ont exprimé leurs inquiétudes concernant l’impact croissant de l’exploitation pétrolière et gazière sur les zones de pêche. Les plateformes offshore, en modifiant les trajectoires traditionnelles de pêche et en restreignant l’accès à certaines zones (périmètres de sécurité), réduisent considérablement les espaces disponibles pour les pêcheurs artisans.
I.Diaw