Face aux défis croissants de l’élevage en Afrique, des institutions de premier plan unissent leurs efforts. L’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), à travers le Laboratoire National d’Elevage et de Recherches Vétérinaires (LNERV), l’Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires (EISMV) et le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricole (CORAF) viennent de poser les bases d’une alliance scientifique et technique panafricaine pour transformer durablement les systèmes d’élevage.

Réunis à Dakar, dans les locaux de l’EISMV, les dirigeants de ces institutions ont partagé une ambition commune : bâtir un partenariat stratégique pour repenser les modèles actuels de production animale en Afrique de l’Ouest et sur l’ensemble du continent. A l’ouverture de cette rencontre, le Pr Yalacé Yamba Kaboré, Directeur général de l’EISMV, a affirmé : « L’Afrique doit inventer ses propres solutions pour un élevage durable et compétitif. Ce partenariat marque une étape majeure pour y parvenir. »

Au centre de cette dynamique, l’ISRA se positionne comme un acteur stratégique, articulant les connaissances scientifiques, les besoins du terrain et les attentes des politiques publiques. Son Directeur général, Dr Moustapha Gueye, a souligné : « C’est en unissant les efforts de nos institutions que nous pourrons rendre les filières d’élevage plus performantes, renforcer la résilience des éleveurs et faire émerger une nouvelle génération de scientifiques africains. » Pour lui, cette démarche est indispensable pour positionner la recherche africaine à l’avant-garde de l’innovation, répondre aux enjeux du terrain et influencer les politiques publiques. Et grâce à cette alliance panafricaine, la recherche agricole s’affirme comme un levier fondamental de résilience, de souveraineté et de transformation pour le secteur de l’élevage.

Cette vision s’incarne dans plusieurs axes stratégiques définis lors de la rencontre :

  • Création d’un comité scientifique régional, animé par le CORAF, auquel l’institut contribuera activement à travers son réseau de chercheurs et ses plateformes expérimentales.
  • Plaidoyer concerté en faveur de la mobilisation de ressources auprès de bailleurs comme la BAD, la BID ou la Banque mondiale, soutenu par une formulation rigoureuse des arguments scientifiques.
  • Lancement de projets structurants impliquant les institutions nationales dans la rédaction des notes conceptuelles, les études de terrain et la coordination technique.
  • Mutualisation des infrastructures de recherche, mobilisant laboratoires, stations et expertises pour créer des plateformes régionales dédiées aux éleveurs, étudiants et professionnels du secteur vétérinaire.
  • Réforme des curricula de formation vétérinaire, afin de mieux les aligner sur les réalités africaines en s’appuyant sur les dynamiques locales existantes.

Cette approche collaborative vise aussi à favoriser l’émergence de pôles régionaux d’excellence. Dr Moumini Sawadogo, Secrétaire exécutif du CORAF, a insisté sur la nécessité de renforcer les synergies : « Nous devons bâtir des réseaux solides, favoriser le partage de connaissances et rendre nos filières plus résilientes face aux crises sanitaires et économiques. »

Un enjeu majeur de cette transformation est la jeunesse africaine. Le Dr Assane Gueye Fall, Directeur du LNERV, a rappelé l’importance de l’innovation dans les parcours de formation : « Nos étudiants doivent bénéficier d’une formation connectée à la recherche de pointe et aux besoins réels du continent. », a-t-il souligné.

 

Crédit photo : EISMV

I.Diaw