Parler de « transformation » de l’agriculture répond aujourd’hui mieux aux enjeux de développement durable à la place de « modernisation » chargée de valeur sur la rationalité des agriculteurs du sud et de bilan lourd en termes de pratiques productivistes aujourd’hui indexées pour la durabilité des écosystèmes.

L’enjeu pour la recherche dans cet axe pour la recherche est de s’inscrire dans le courant des changements en cours et de les accompagner. L’objectif est de dégager les pistes de recherche sur lesquelles l’ISRA et ses partenaires se positionnement pour co-construire des connaissances et des technologies nécessaires à l’accompagnement de ces dynamiques de changement par : la reconnaissance de la multifonctionnalité de l’Agriculture, l’adaptation d’une mécanisation aux différents systèmes pour améliorer la productivité du travail ; la professionnalisation des filières pour accompagner l’amélioration des chaînes de valeurs.

A2.1 Multifonctionnalité de l’Agriculture

Dans les pays en développement comme le Sénégal, les arbitrages en termes d’allocation de ressources publiques aux différents secteurs sont complexes. Pour autant, le gouvernement a placé l’Agriculture comme le pilier de croissance dans le PSE ; cette option est bien mise en exergue dans le PRACAS et les autres documents de politique sectorielle de développement. Le gouvernement entend allouer des ressources pour le soutien des activités productives pour l’atteinte de la sécurité alimentaire, voire de la souveraineté alimentaire. La reconnaissance de la multifonctionnalité de l’Agriculture (sécurité alimentaire, revenus, emplois, préservation de l’environnement, séquestration du carbone, réduction des inégalités de genre et territoriales…) participe à justifier davantage l’allocation de ressources et les attentions vis-à-vis de l’agriculture au sens large qui a été plusieurs fois énoncée et affichée sans réellement être prise en compte par la recherche agricole sénégalaise. Pour la recherche, plusieurs chantiers restent à investir.
Il s’agit de se pencher du point de vue agronomique et des sciences humaines et sociales sur :

i) la caractérisation fine des différentes fonctions de cette Agriculture au Sénégal avec une attention particulière sur les externalités positives et négatives ;

ii) les conditions d’accroissement des performances agronomiques et économiques (les valeurs ajoutées, l’emploi, la valorisation des ressources sociales et culturelles des territoires) des agro-écosystèmes ;

iii) l’évaluation et l’optimisation des services éco-systémiques ;

iv) le développement des pratiques agro-écologiques dans les systèmes de production.

A2.2 Mécanisation et infrastructures de production et de valorisation agricoles

L’importance du rôle de la mécanisation agricole sur la productivité de la main d’œuvre n’est plus à démontrer. Les agricultures des pays développés ont démultiplié la productivité du travail, atteint des niveaux de production très élevés et creusé de manière exponentielle l’écart de productivité entre actifs agricoles et ceux des systèmes d’Afrique subsaharienne. Au Sénégal, l’introduction de la mécanisation (traction animale, motorisation) a façonné les pratiques agricoles et les types variétaux pour certaines productions mais n’a cependant que très peu évolué du fait de la faiblesse des politiques d’accompagnement à l’acquisition dans les années 1990. Or, la mécanisation maîtrisée et convenable aux différents systèmes de production permettrait de produire plus en minimisant les pertes post-récolte et de réduire la pénibilité d’une agriculture manuelle. Aujourd’hui, toutes les études typologiques sur les exploitations agricoles révèlent un parc de matériels agricoles vétuste, insuffisant, mal réparti et dans certains cas inadapté. Des efforts sont en train d’être faits par le gouvernement (PRACAS, direction dédiée) pour faciliter l’accès aux équipements.

En revanche, la recherche agricole est fortement interpellée notamment pour répondre à certaines questions:

i) Quelle mécanisation et infrastructures post production et de transformation adaptées aux différents agro-écosystèmes et aux différents maillons de la production (de la préparation des sols aux récoltes/post récoltes en termes de conception, innovation et dissémination) ;

ii) Quelle formation/sensibilisation pour les agriculteurs (pour l’adoption et la gestion de ces matériels), les organisations d’agriculteurs (pour l’accès et la gestion collective des équipements technologiques), les artisans et divers métiers associés pour une production à grande échelle des prototypes et surtout la maintenance de ces équipements et infrastructures ;

iii) Comment combiner modernisation (mécanisation et infrastructures) et intensification durable (pratique d’une agriculture favorisant une diversification des cultures dans les mêmes espaces de production et conservation de la biodiversité) plus largement comment mieux ancrer des recherches sur les systèmes de mécanisation capables de répondre aux évolutions contemporaines de l’agriculture sénégalaise.

Dans le domaine particulier de la pêche et de l’aquaculture, des questions plus spécifiques se posent sur toute la chaîne de valeurs. La motorisation des pêcheries a été principalement le socle de l’essor des activités halieutiques depuis les années 1970. Elle a surtout porté sur la motorisation des embarcations de pêche, sur l’équipement en engins mécaniques comme les chaluts et sur les moyens de conservation à bord. La recherche halieutique avait significativement contribué et accompagné cette dynamique avec par exemple des études et des propositions sur l’efficacité technique et la rentabilité économique de ces différentes innovations. Aujourd’hui et dans un futur proche, la recherche est surtout interpellée sur la problématique de la surcapacité et des effets écologiques induite par cette mécanisation généralisée. En même temps, avec la diversité des outils mécaniques et leurs sources d’approvisionnements, de nouvelles orientations scientifiques se posent en matière d’efficience de la mécanisation des activités de pêche. En ce qui concerne l’aquaculture la mécanisation reste très insignifiante. Ainsi, la recherche doit aider à identifier les mécanismes pouvant aider à l’introduction d’une mécanisation adaptée, abordable, efficiente et durable.

A2.3 Professionnalisation des filières Agricoles et accès au marché

La professionnalisation des filières est un des engagements réglementaires de la LOASP. Elle recoupe trois dimensions : la participation des agriculteurs dans l’orientation de politiques agricoles, la reconnaissance du métier et la valorisation des agriculteurs et enfin la cogestion des filières avec les opérateurs économiques et l’État. Si les deux premières dimensions ont plus ou moins connu des avancées pour l’agriculture sénégalaise, les défis restent importants pour la cogestion des filières et l’autonomisation des producteurs (interprofessions, tables filières, plateforme d’innovations…). Ces dernières années, presque toutes les recherches à l’ISRA ont tenté de répondre à une problématique : celle de l’amélioration des chaînes de valeur. Répondre à une demande en alimentation en quantité et en qualité de plus en plus importante s’est imposé comme enjeu principal pour les acteurs de l’agriculture. Au même moment, les approches « chaîne de valeur » ont permis la mise en œuvre d’une démarche holistique sur la totalité des dimensions de chaque filière qu’elle soit animale, végétale, forestière et halieutique. La nécessité de considérer tous les déterminants de chaque maillon et les interactions avec les supports à l’amont et l’aval a permis de positionner des équipes pluridisciplinaires dans diverses filières. Cependant, pour les cinq prochaines années, dans un contexte de territorialisation des politiques (Acte III de la décentralisation) et de forte incitation politique à l’investissement privé dans l’agriculture, nous pouvons davantage envisager avec les partenaires bénéficiaires et d’exécution, une recherche qui fournisse des réponses i) aux modalités d’intégration entre l’agriculture familiale et l’agro-industrie sur les territoires comme la vallée du fleuve Sénégal, le bassin de l’Anambé, comme planifié dans le PSE, ii) aux technologies pré et post récolte pour une meilleure compétitivité des produits agricoles sur les marchés et une réduction des pertes post-récolte; iii) à la professionnalisation des acteurs de filières particulières comme la pêche, l’élevage et la foresterie, iv)aux mécanismes d’amélioration dans l’appui conseil pour l’accompagnement des agriculteurs et de leurs organisations, v)aux conditions d’une professionnalisation inclusive particulièrement vis-à-vis des femmes et des jeunes, iv) aux conditions d’une intégration durable au marché des agriculteurs.

Axes de recherches

AXE 1. Promotion de systèmes de production performants, résilients et compétitifs et durables

AXE 2. Transformation de l’Agriculture et accompagnement durable des exploitations familiales et agro-industries

AXE 3. Veille, prospective et valorisation

AXE 4. Développement des capacités et consolidation du partenariat


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