Les systèmes de production ont été éprouvés par les multiples contraintes physiques et humaines. Pourtant, en dépit des difficultés qu’ils traversent, ils seront toujours appelés à faire face aux mutations structurelles et à nourrir les populations.
Le défi de l’alimentation des populations en quantité et en qualité est de plus en plus grand, compte tenu des habitudes de consommation, des besoins croissants en produits alimentaires et d’un commerce mondial marqué par l’ouverture des frontières et l’extraversion des marchés. Il devient fondamental de trouver des stratégies d’adaptation aux changements climatiques et les conditions d’une amélioration durable de la production agricole et de la nutrition.
Sous-axe 1 : Vulnérabilité, adaptation et résilience aux effets du changement climatique
Les productions agricoles en Afrique Sub-saharienne en général et au Sénégal en particulier sont confrontées à des chocs fréquents, de nature différente, auxquels les agriculteurs doivent faire face, s’adapter et innover. Les populations les plus vulnérables sont aussi les plus soumises aux chocs car elles ont des capacités de récupération relativement limitées. Par conséquent, les évolutions des systèmes agricoles sont fortement liées à la gestion des risques climatiques et leurs effets socio- économiques. Ces dynamiques dessinent les contours de l’évolution des systèmes agricoles et représentent selon les cas des freins ou d’extraordinaires potentiels d’innovation. Cela pose du côté du monde paysan les questions des trajectoires d’évolution qu’empruntent les systèmes agricoles sénégalais, les perceptions qu’en ont les agriculteurs et les modes d’adaptation mise en œuvre pour promouvoir leur résilience. Ces questions se posent aussi bien pour les productions agricoles, agro- forestières, animales et halieutiques. Du côté de la recherche, il s’agira de penser des systèmes de production performants et compétitifs tout en améliorant durablement leur résilience.
Ce nouveau paradigme sera abordé par différentes approches telles que :
i) l’analyse de la vulnérabilité des systèmes de production face aux risques et aléas climatiques; ii)l’analyse des mécanismes d’atténuation des effets du changement climatique sur les productions agricoles et l’évaluation de leurs impacts,
iii) l’intensification durable des systèmes de production et les conditions de sa mise en œuvre dans un contexte de gestion des risques et d’augmentation de la production,
iv) les informations climatiques et leurs disponibilité pour guider la prise de décision (producteurs et décideurs),
v) la diversification et l’intégration des systèmes agricoles (exemple: agroforesterie, intégration agriculture/élevage et lien avec la fertilité des sols, système de production mixte riziculture et aquaculture, pêche et agriculture…),
vi) et la projection et l’analyse des scénarios possibles d’évolution de ces systèmes (Prospectives climatiques ; évolutions démographiques et foncières ; agriculture familiale/agrobusiness: quels équilibres possibles, qu’impliquent-ils en matière de gestion durable de la ressource foncière/naturelle),
vii) la promotion de systèmes de production climato-intelligents.
Sous-axe 2 : Amélioration de la productivité agricole et nutritionnelle
L’agriculture joue un rôle important dans la sécurité alimentaire et la nutrition des populations particulièrement dans les pays en voie de développement. Au Sénégal, les programmes de recherche se sont, depuis plusieurs années, focalisés davantage sur l’amélioration des potentiels de production des systèmes agricoles que sur la qualité nutritive des produits. Il est important à l’heure actuelle d’adopter des approches holistiques pour mettre en œuvre une agriculture qui soit sensible à la qualité nutritionnelle de ses productions. Il s’agira donc de placer au cœur de nos enjeux de recherche le développement d’une agriculture qui favorise la production en quantité et en qualité (amélioration de la biodisponibilité des éléments minéraux et des apports en protéines, réduction des facteurs antinutritionnels y compris sanitaires et environnementaux) d’aliments à forte valeur nutritive et la diversification des régimes alimentaires (valorisation des fruitiers forestiers, développement de l’aquaculture dans les zones où les produits marins sont difficiles d’accès, valorisation des filières d’embouches bovines et laitières…). Il s’agira aussi dans cet axe d’aborder les questions relatives à l’amélioration des régimes alimentaires des petits et grands ruminants (amélioration de la qualité fourragère des productions agricoles) et de trouver des formulations innovantes à base de protéines alternatives et compléments minéraux et vitaminées pour la nutrition en élevage, en aquaculture et en aviculture.
Sous-axe 3 : Exploitation durable des ressources naturelles/ GRN et biodiversité
Notre recherche doit contribuer à freiner la perte de biodiversité agricole, réduire la pauvreté et améliorer le bien-être des populations. Pour cela, l’orientation visera à réduire les pressions exercées sur les ressources naturelles, restaurer les écosystèmes dégradés, exploiter durablement les ressources biologiques et profiter d’une manière juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation. L’approche devra reposer « sur l’application de méthodes scientifiques appropriées aux divers niveaux d’organisation biologique, ce qui englobe l’essentiel de la structure, des processus, des fonctions et des interactions entre les organismes et leur environnement » (Convention de la diversité biologique). Il s’agira donc de :
– Comprendre et gérer (les dynamiques de) la biodiversité agricole, animale et halieutique pour améliorer le fonctionnement et les services éco-systémiques qui en découlent ou qui contribuent à l’adaptation des ressources aux effets néfastes des changements climatiques et à la pression anthropique.
– Co-développer avec les parties prenantes des outils et méthodes pour contribuer à la conservation des ressources naturelles et à la fois puiser dans la très riche biodiversité pour développer des innovations et générer des avantages sociaux, économiques et culturels.
Ainsi, l’exploitation profitable et durable des ressources naturelles doit se faire grâce aux efforts de redéfinition de l’intérêt national et de la transformation du productivisme dans un nouveau paradigme économique qui inclut l’équité intergénérationnelle et le contexte de changement climatique. Sur le plan opérationnel, la manière et les occasions d’exploiter les ressources naturelles suivront des orientations du développement en fonction du caractère stratégique ou spécifique de l’exploitation de telle ou telle ressource pour l’économie du Sénégal. Pour ce faire, les ressources naturelles renouvelables, basées sur la gestion patrimoniale, devront être placées au fondement des politiques pour un élargissement de leur patrimoine naturel. Il s’agira de s’assurer des modes d’exploitation durables qui ne prélèvent qu’une partie du rendement naturel de manière à s’assurer d’une reproduction pérenne. Il s’agira pour la forêt, la faune, la terre ou l’eau, dans une gestion patrimoniale, de concevoir des politiques et des programmes de recherche axés sur l’offre et non la demande. Ainsi, par exemple, une politique forestière doit-elle être conçue pour sortir de la seule logique d’approvisionnement des ménages urbains en bois énergie et d’œuvre. Ainsi, la gestion patrimoniale de la forêt inversera le rapport traditionnel de l’évaluation en ce sens qu’elle adressera les conditions à réunir pour obtenir sa valeur optimale selon ses caractéristiques et les objectifs économiques poursuivis par le Sénégal.
La recherche est tout autant particulièrement interpellée pour aider à identifier et mettre en œuvre les solutions idoines en gestion durable des ressources halieutiques et aquacoles. En plus de l’évaluation des ressources et du suivi de la dynamique de l’exploitation halieutique, les questions qui se posent en tant que défi de la recherche halieutique sont relatives à l’identification des opportunités et des mécanismes d’une meilleure valorisation des produits halieutiques, l’efficience des technique de pêche, l’évaluation et la gestion de la rente halieutique, la réduction des impacts négatifs de l’activité de pêche, l’évaluation et la maîtrise de la capacité de pêche (ou efforts de pêche), la restauration des écosystèmes dégradés, l’efficacité de la cogestion, le développement de l’aquaculture en tant qu’activité crédible et rentable, etc.
Toutefois, cette politique ne pourra réussir que si elle s’appuie sur des connaissances scientifiques. En effet, l’exploitation soutenue de toutes ressources naturelles implique en amont i) une connaissance de son potentiel, ii) de son rythme d’accroissement. La recherche agricole est ainsi interpellée pour i) l’établissement des situations de référence des principales ressources naturelles et ii) la proposition de modèles pour leur exploitation rationnelle et soutenue dans le temps.
Axes de recherches
AXE 1. Promotion de systèmes de production performants, résilients et compétitifs et durables
AXE 3. Veille, prospective et valorisation
AXE 4. Développement des capacités et consolidation du partenariat